Jour 1. Dimanche 15 mars 2020 – Fermeture des commerces non-essentiels à la vie.

Les consignes de confinement ont été données depuis vendredi. Elles ont commencé aujourd’hui, à minuit.

Hier, samedi 14 mars 2020, j’ai croisé un papa avec ses deux filles. Il semblait inquiet. Inquiet pour ses filles, pour leurs vies. Il m’a regardé comme on regarde un être humain pour la première fois depuis plusieurs mois. Dernière nous, un Monsieur a toussé. Fort. Nous nous sommes à nouveau regardés avant d’orienter nos regards vers celui qui venait de réaliser un acte d’une banalité folle et qui, en temps normal, n’aurait même pas attiré notre attention. Une fois le personnage identifié, le papa inquiet et moi avons accélérés d’un pas décidé.

Hier, j’ai fait quelques courses avec un ami. Je me suis jetée sur les boîtes de thon et de sardine en conserve. Oui, quitte à favoriser une famille de macronutriments autant que cela soit les protéines. J’en ai pris pas mal. Oui, j’ai aussi pensé aux autres, si jamais mon copain venait passer le confinement chez moi, et si jamais mon frère venait… me demandai-je milles fois. Vous savez, les fameux « si jamais » que l’on se pose en situation inhabituelle. J’ai aussi pris des aliments qui passaient sous mon nez et pour lesquels je me disais qu’ils pourraient bien servir : quelques pommes de terre, un dernier paquet de spaghettis que j’ai croisé dans les rayons et un pot de sauce tomate pour les manger avec. L’atmosphère était différente, ni plus lourde ni plus légère mais différente comme si la venue d’un événement qui allait transformer nos vies pour de bon était imminente.

21 :55. Une première personne décédée des suites de l’infection du SARS-Cov-2 en Martinique. Ma mère m’a informé ce matin que les lits de son service seront réquisitionnés pour y mettre des patients touchés par le virus. J’ai peur. Très peur. La déclaration du confinement total ne devrait plus tarder. Les journalistes en parlent en disant que pour l’heure ce n’est qu’une rumeur, mais ils n’en parleraient pas si ce n’était effectivement qu’une rumeur. Ils tentent juste d’introduire le sujet pour mieux faire passer la pilule. Quoi de plus français ?     

Par Léna Koti

Je suis Léna Koti, 23 ans, étudiante en 2ème année de licence bidisciplinaire droit-sciences politiques à Lyon. Je suis passionnée par les langues latines et créoles – notamment la nôtre –, par la psychologie et la sociologie. Je m’intéresse aussi beaucoup à la biologie et à la cuisine. Depuis petite, j’accorde une grande importance à l’écriture. J’ai débuté par l’écriture de journaux intimes et autres lettres, mais c’est depuis septembre 2019 que j’écris régulièrement.

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