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La transition de départ

Hey hey my dear ! 

Nous voilà de retour pour aborder la transition de départ. Vous le savez maintenant, Mina est née et c’est la fin de mon aventure donc il faut préparer les enfants. 

En les préparant, je me suis préparée moi-même à un événement que j’attendais avec tellement d’excitation : ma reprise d’études. Mais je me aussi rendue compte qu’ils allaient me manquer.

Alors quelques semaines avant de partir, tous les soirs je couchais Casper en lui disant que je m’en allais. Innocemment, il me disait au revoir comme si je reviendrai le lendemain. Je discutais avec lui pour essayer de lui expliquer de façon simple et on le faisait aussi avec la maman, pour que son fils lui revienne, et puis pour qu’elle reprenne le flambeau : les couchers, les repas, les sorties seules et puis pour qu’elle se prépare elle-même à devoir jongler entre les deux bébés ! Honnêtement je m’inquiétais un peu pour elle, cette Fleur (oui c’est la première fois que la nomme, oui c’est symbolique compte tenu de la situation), était une femme très douce, facilement anxieuse et qui panique vite aussi. Depuis toujours elle n’aime pas les coucher parce que cela fait écho au sevrage qu’elle vit très mal (sensation d’abandon de sa part envers ses enfants). Bref. De mon côté aussi j’avais un peu de mal à le lui léguer. C’était devenu des automatismes, I guess it was … un prototype incertain de mon instinct maternel 🤷🏾‍♀️😅 

J’étais tiraillée entre la joie et la nostalgie à venir. Et puis par les doutes. Et puis par l’angoisse, l’angoisse que Casper ne se souvienne pas de moi, nous étions comme les doigts d’une main, si bien que nous avons en quelque sort dû être sevrés l’un de l’autre à mi parcours ; et puis par le soulagement mesquin que je lui manque beaucoup une fois partie.

Et puis le fameux jour est arrivé. J’avais la boule au ventre. Le père, Ella et Casper m’ont conduit à la gare après mes adieux à la Fleur et à Mina.

Ils m’ont accompagné jusqu’à mon entrée dans le bus. Je le serrais tellement fort, j’ai compris qu’il était troublé au moment où il voulait que son père et moi le tenions en même temps. 

Ella était légèrement suppliante, mais je savais qu’elle s’en remettrait très vite. C’est une petite très émotionnelle mais surtout très intelligente. Je ne la mentionne pas beaucoup parce que vous vous doutez bien que nous n’avions pas un lien aussi fort. Je dirai même que j’étais plutôt comme une grande sœur qui veille.

Une photo, des câlins  bisous et des remerciements plus tard, me voilà dans le bus, à faire comme dans les films, le regard collé à la vitre, je faisais mes adieux à Londres et je me retenais de verser quelques larmes. 

J’ai su plus tard qu’Ella avait pleuré toute la soirée ce jour là et que Casper avait arrêté de manger pendant quelques temps aussi. Moi j’ai direct enchaîné mon nouveau travail pour ne pas y penser.

Voilà, cher lecteurs mes récits vont bientôt s’achever. Ce qui suit est un essuie de ma pensée de cette année hors pair. A bientôt.

Xoxo Citronimous 

« Être fille au pair à Londres, c’est vivre à Londres. Et vivre à Londres c’est trop cool, c’est beau, c’est fun, c’est ne jamais être sûre que les gens comprennent ma langue maternelle dans un train et pouvoir raconter des bêtises haut et fort, c’est croiser des personnes d’horizons différents, c’est discuter avec des gens totalement inconnus qui trouvent ultra cool d’être originaire de la Caraïbe, c’est ne jamais se lasser du « Mind the gap between the train and the platform », c’est passer des heures en bus (upstairs of course) et admirer la City de nuit, c’est être exaspérée par le volume sonore des ambulances, police cars, firetruck (je vous jure que c’est fort, surtout quand y’en a 3 en même temps), c’est se dévisager mutuellement avec quelqu’un d’autre à l’étage du bus en direction opposée. 😅

Être fille au pair c’est redécouvrir les petits plaisirs… vous allez me dire ‘kissa manzel ka di a’… mais imaginez vous un instant, vos yeux sont ouverts de 5h à 23h00 avec des enfants dans vos pieds qui vous défient dans les 2 sens du terme, qui crient toute la journée et qui vous prennent pour un coussin quelque soit l’endroit où vous vous posez, qui s’essuient sur vos plus jolis vêtement et qui mettent tous vos objets à la poubelle (comme la montre de leur père…). A ces mêmes enfants vous devez inculquer le maximum de politesse et d’amour ; et leur faire comprendre les choses que nous adultes ne voyons même plus, avec joie, étonnement et tout le tra la la la. Donc ouais quand bébé réussi à boucher un bic faut applaudir, il va ranger ses chaussures faut applaudir, il est monté seul sur le canapé faut applaudir, il est tombé faut applaudir pour ne pas qu’il pleure bref. Je me suis applaudie lorsque j’ai goûté du thé froid dans lequel j’ai mis du jus de citron parce que ça m’a émeut de boire un truc aussi bon  #gettoddlered (c’est un vrai # super drôle que vous pouvez aller consulter sur Instagram).

Être fille au pair c’est clairement être une maman au foyer sans la gratitude qui va avec. Certaines diront une sœur mais moi c’est clairement une mère, il y avait en jeu l’émergence et la mise en pratique de mon instinct maternel (balbutiant disons le clairement) qui a résulté à un certain moment à un non-intérêt du plus petit envers sa maman. T’es juste là pour donner de ton amour et un peu de tes principes … et beaucoup de ta sueur à nettoyer sans nécessairement avoir quelque chose en retour (on ne le fait pas pour ça en même temps avouons-le). C’est donc, à la demande des parents, t’investir à fond mais ne pas être consultée ou écoutée, c’est être indispensable mais en second plan, c’est faire passer la famille avant tes besoins mais ne pas être connue par leur entourage. Être fille au pair enfaite c’est penser aux choses que les parents oublient et plus encore, c’est aussi trouver la force de se lever tous les matins et de ne pas se défiler devant la journée qui commence (comme vous et moi, étudiants faisons très souvent… ). Parce que pour le coup, j’ai  réalisé que la vie étudiante c’est un pur plaisir, un bijou. Quand tu as un truc à faire et que tu es trop fatigué ou que tu as la flemme et que tu te dis ‘fuck it’. Bah non, là y’a des petits humains qui comptent sur toi et qui ne comprennent pas que tu sois fatiguée, qui ne connaissent pas encore ce fascinant concept qu’est la flemme. 

Pour la petite histoire, l’autre fois je jouais avec Casper mais je tombais de fatigue, alors j’ai fermé les yeux un ti moment et ma tête piquait vers le bas (je m’endormais quoi) et bin le ptit il en avait rien à faire, il est venu relevé ma tête, ouvrir mes yeux avec ses tous petits doigts et me forcer à jouer avec lui …  J’étais triste pour nous deux.

Cet essuie de pensée aborde les choses d’une optique triste et frustrante mais en vérité, il faut relativiser et avoir une réflexion un peu plus poussée. Ce ne sont pas mes enfants, ils ne font pas partis de ma famille et je n’ai aucun droit d’interférer dans cette éducation, c’est aussi surtout que en tant que parent, il y a pleins d’autres choses auxquelles on pense comme le bien-être à tout prix de ses enfants, les voir heureux, assurer leur sécurité financière juridique et tous les autres trucs administratifs, les garder en bonne santé blabla, du coup quand je vous dépeins le portrait d’une famille qui tend vers l’ingratitude, c’est clairement du second degré.  Je ne leur en veux pas vraiment, ce que moi je vois comme important est tout simplement devenu secondaire quand tu dois élever 3 enfants, t’occuper de toi, de ta vie et t’occuper de ton partenaire de vie. It is not that simple, en vrai je les porte dans mon cœur ces gens là. »