La fin et le commencement

Bonjour !!!!!!!!

 Ma « collègue » SWVN, disait dans sa chronique « Partageons un nouveau verre ou un contenant plein de la boisson de ton choix » et dans le cadre de ce partage, moi je te raconte une histoire de ma vie.

Malheureusement, il n’y a rien de spécial dans ma vie car moi-même je ne suis pas spécial. Mais comme je l’avais noté dans ma première chronique « il suffit qu’on se mette à raconter un événement banal pour que celui-ci devienne une aventure. »

Ah ! La vie elle-même est une aventure. 

Finalement, mon père avait choisi une date pour m’amené à Kafountine. Je vous épargne les préparatifs du voyage où ma mère voulait que je fasse porte à porte pour dire au revoir aux voisins et parents.  

Je ne me rappelle pas exactement la date de mon départ mais c’étais sûrement fin septembre. Les images du voyage son encore gravées  dans ma mémoire. 

En fin de compte, ma mère m’avait appris que mon voyage était prévu pour le lendemain. Je ne lui posais pas de questions. Dans la société peulh, africaine en général, les enfants ne posent pas  trop de questions à leurs parents.  Chez moi, on apprend par introspection, par l’observation intérieure. C’est pour dire que l’enfant acquiert le savoir que par le copiage des pratiques des adultes, pas en posant trop de question. Le garçon a comme idole son père dont il suit le chemin tracé par lui ; la fille imite, elle aussi, sa mère.  Les adultes partageaient une information avec les enfants que quand ils la jugent indispensable ou nécessaire. J’ai appris tout seul, par exemple, qu’un garçon ne devrait pas s’assoir sur le lit de sa maman à un certain âge. 

Alors le « lendemain » était le grand jour. La nuit je dormis peu. Mon chagrin pour ce voyage était le fait de laisser,  derrière moi, ma mère qui était le nombril de mon existence même si je me définissais à travers mon père.

Ma mère ne dormit presque pas, elle aussi. Elle passa la nuit à ranger les quelques bagages que je possédais. 

Le matin tôt, au moment où mon père me disait de me dépêcher  de finir mon petit déjeuner, on entendit les klaxons de la voiture dehors. A cette période au village, le bruit d’une voiture appelait les enfants des alentours.    

Sans qu’on ait besoin d’informer ou d’appeler les voisins, ils étaient tous là avec la famille. Tout le monde voulait me dire adieu, même mon grand père qui s’était opposé à mon voyage. 

Je l’ai croisé à l’entrée de la maison. Il revenait de la mosquée. Son chapelet à la main en faisant son « wirdu » habituel, sans me parler, il me fait signe de venir vers lui. C’est ce que j’ai fait. Il me sourit légèrement et mis sa main sur ma tête. Sans  interrompre son « wirdu » il mit sa main dans sa poche et sorti 4 pièces de 100fcfa et me les donna. Il me caressait la tête aimablement coiffée. Ma grande mère et d’autres personnes s’approchaient et me parlaient aussi. Mais, à cet instant précis, je ne pouvais rien capter ni entendre de ce qu’ils me disaient  donc je répondais en secouant délicatement la tête.

De loin, tout près de la voiture où déambulaient des enfants, j’apercevais mon père qui me regardait faire mes adieux.  Pour ma mère, j’ai l’impression qu’elle évitait mon regard pour ne pas fondre en larme. Mais il fallait quand même que je parte. Ainsi, mon père et moi sommes montés dans la voiture, derrière le chauffeur. C’était un minibus (minicar on dira au Sénégal) blanche et à coté du chauffeur étais assis l’ami de mon grand père Souley Abdouramany KANDE, qui partait à Velingara. 

Lorsque la voiture a pris départ, au même moment, ma nouvelle vie commença aussi.

Difficile à dire mais j’éprouvais moins de tristesse pour ma mère que pour l’univers que je quittais. Oui, je quittais le seul village que je connaissais et aimais, Madina Houda. Par la fenêtre de la voiture, je regardais des endroits et des personnes que je croyais voir pour la dernière fois. 

A travers les haut-parleurs de la mosquée, j’entendais  les voix, d’une belle harmonie,  des fidèles qui faisaient le wadjifa. C’est l’un des rites de la confrérie Tidiane pratiquée, matin-soir, par les initiés du tariqa autour d’un linceul blanc. 

Quoi de plus mantique cette mélodie divine chantée au chœur, des chants d’un contenu religieux qui ne relève nullement du domaine de l’ordinaire ? Tout ça me manque. 

La voiture passait sur des routes sur lesquelles j’avais cheminé avec les garçons de mon quartier en faisant des courses de pneu ou auto « rayoŋguaji » (c’est des rayons de vélo déformés et liés entre eux pour donner la forme d’une voiture).

La course de pneu est l’un des jeux favoris des enfants de mon village. Là-bas, nous n’avions pas des jeux vidéo et autres, les garçons jouent dehors à longueur de journée, entre rires, cris et pleurs. 

Oui, tous les jeux, ou presque, se faisaient dans les rues ou dans les cours des grandes maisons. Mais les jeux étaient cadencés en fonctions des saisons, en alternance du jour et de la nuit. Par exemple, le clair de la lune encourageait les enfants aux « longues veillées communautaires » où il y avait souvent un jumelage entre filles et garçons. Je me rappelle de ces soirées qui n’avaient lieu qu’à talicoelle, après les récoltes. En fait, ce sont des soirées souvent rythmées par des chants et des danses qui résonnaient dans tous les champs (thiankoung, Mamel, Gadha faro…). 

Vers la sortie de mon village, mes jeux étaient encore fixés sur le Minaret rond de la mosquée qui, avec une blancheur éblouissante, est visible au-delà des limites du village.

Ce minaret, construit à la sueur de mes braves grands-pères, fut la dernière chose que j’ai aperçu de mon village. J’aurais aimé dire au chauffeur de faire demi-tour pour que je puisse refaire de nouveau adieu. 

Mais le silence était roi dans la voiture. Je n’entendais que le ronronnement du moteur de la voiture. C’est plus tard que le chauffeur a mis des musiques guinéennes dont je comprenais pauvrement les mots. 

« Mon verre est vide »……………….oh à la prochaine fois. 

BALNDE LAYE, Madina Toul HOUDA

9 commentaires

  1. C’est très bien raconté mon ami, frère et président son excellence monsieur Abdoulaye BALDÉ.
    Je te wish une très bonne continuation et beaucoup de bonnes choses

  2. Tts mes encouragements petits frère j’attend la suite avec impatience à t’entendre parler de Kafountine et la vie des bergers me rappelle beaucoup de souvenirs j’ai grandis dans ce milieux

  3. A chaque vois que je lise tes ecrits, je me noie dans le texte. Mes felicitations et encouragements couz. Beaucoup de jeunes du meme village que toi se voient dans ton histoire emouvante moi y compris. Bonne continuation, toujours plus haut! Le meilleur viendra a toi inshallah.

  4. Waw je trouve pas les mots pour apprécier non seulement la qualité du texte mais aussi histoire aussi captive et émouvant. Je reconnais à travers ces mots le Baldé qui a toujours aimé et qui est très fier de la ou il vient. Courage et bonne continuation mon frère j’attends avec impatience la suite

    1. Merci frère…. je serais bientôt à Kafountine. Je suis sur la route. Une encyclopédie ne suffira pas pour raconter notre vécu dans c tawn…

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